Retour sur l’intégration du CRAPEL à l’ATILF : questions épistémologiques
Francis Carton (Université de Lorraine)
9 décembre 2021 | 14:00
Nancy | Campus Lettres Sciences Humaines | Bâtiment A | Salle A104 et visoconférence
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En 2005, le ministère en charge des universités demande à l’équipe d’accueil qu’était le CRAPEL (spécialisée en didactique des langues et dirigée alors par Philip Riley), de rejoindre une entité de recherche plus vaste. La réflexion des membres de l’équipe s’engage sur les différents critères de décision à prendre en compte, notamment, et surtout, sur l’appartenance scientifique de leur objet de recherche: celui des langues étrangères ? celui des sciences de l’éducation ? celui des sciences du langage ? La réponse à cette question devait naturellement guider la demande de rattachement, officialisé en 2006. Revenant sur ce passé, quelques réflexions sont proposées sur le positionnement de la didactique des langues au sein du champ scientifique.
Problèmes posés par l’élaboration d’une grammaire historique du français
Bernard Combettes (Université de Lorraine)
9 novembre 2021 | 18:00
Nancy | Campus Lettres Sciences Humaines | Bâtiment A | Salle A415 et visoconférence
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Mettant à profit l’expérience acquise dans la réalisation de la Grande grammaire historique du français qui a paru l’année dernière (Mouton-De Gruyter, 2020), cet exposé mettra l’accent sur certains problèmes particuliers qui se posent lors de l’élaboration d’une grammaire historique.
Après une présentation rapide des principales caractéristiques de l’ouvrage et de sa spécificité par rapport aux travaux qui l’ont précédé, on s’attachera à quelques grandes questions plus ou moins difficiles à résoudre.
2 – la périodisation : quel type de périodisation ? comment mettre en place une périodisation fondée sur des critères d’ordre linguistique et non, comme à l’ordinaire, sur des critères qui relèvent du domaine littéraire, culturel ou historique ?
3 – la place à accorder aux facteurs « externes » : parmi ses facteurs, faut-il en privilégier certains ?
4 – la description et l’analyse linguistique : comment éviter des « anachronismes » dans le choix d’une terminologie et de notions – élaborées pour rendre compte du français contemporain – qui ont subi des évolutions au cours de l’histoire de la langue ? Cette difficulté se présente pour certaines catégories morphosyntaxiques (les déterminants, les pronoms, …), pour les unités syntaxiques ou discursives (phrase, proposition, période, …), pour des notions comme l’opposition récit / discours.
5 – quelle(s) théorie(s) syntaxique(s) pour quelle(s) théorie(s) du changement ?
L’expression des opinions : un ethos sans opinion
Mathieu Valette (INALCO)
22 octobre 2021 | 14:00
Nancy | Campus Lettres Sciences Humaines | Bâtiment ATILF-CNRS | Salle Imbs et visoconférence
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Les énoncés porteurs d’opinion sont souvent perçus comme des suites de propositions à caractère axiologique. L’analyse de corpus différentiels montre au contraire que les opinions se situent à tous les niveaux d’analyse sans que le vocabulaire axiologique soit nécessairement présent : dialogique (représentation des acteurs, positionnement énonciatif, distribution des rôles actanciels), dialectique (représentation du temps, déroulement aspectuel, structures argumentatives) et parfois thématique, au point qu’on peut voir dans ces énoncés la manifestation d’un ethos plus que l’expression compositionnelle d’une opinion.
Du Trésor de la langue française à l’Institut national de la langue française : la politique linguistique de la France au XXe siècle
Bernard Cerquiglini (Directeur de l’INaLF de 1997 à 2000)
27 septembre 2021 | 14:00
Nancy | Campus Lettres Sciences Humaines | Bâtiment ATILF-CNRS | Salle Imbs et Visioconférence
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Le TLF et l’INaLF, organismes scientifiques (C.N.R.S.), ont néanmoins participé étroitement à la politique linguiste de la France, au XXe siècle.
Le TLF fut un projet gaullien : commande présidentielle, dictionnaire national dont la préparation est confiée à la recherche publique, modernité assumée. À cette aune, l’INaLF fut un projet d’inspiration québécoise : il mobilisait la recherche afin d’équiper la langue et de soutenir son statut. La transformation en ATILF, confiant légitimement le laboratoire à la seule autorité de la science et à ses pratiques, amène toutefois à poser la question du rapport à la politique linguistique, en ce début du XXIe siècle.
Biographie
Universitaire, Bernard Cerquiglini fut professeur aux universités de Paris, Bruxelles et Bâton Rouge, directeur de l’Institut national de la langue française (C.N.R.S.) ; il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, dont L’Accent du souvenir et L’invention de Nithard aux Éditions de Minuit, Le Ministre est enceinte et Un Participe qui ne passe pas, aux Éditions du Seuil. Haut-fonctionnaire, il fut notamment Délégué général à la langue française et aux langues de France, recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie. Il est membre de l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).
« C’est moi qui je m(e) sers. » Se servir des corpus pour étudier la parole de l’enfant
Emmanuelle Canut (Université de Lille) & Caroline Masson (Université de Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
11 juin 2021 | 14:00
Nancy | Campus Lettres Sciences Humaines | Bâtiment A | Salle A104 et Visioconférence
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L’intervention intéressera à l’étude des processus d’acquisition du langage chez l’enfant à partir de corpus oraux. Les intervenantes veulent montrer comment le travail réalisé à l’ATILF entre 2001 et 2015, avec notamment la constitution de la plateforme TCOF (Traitement de Corpus Oraux en Français) et l’archivage de corpus d’échange entre adulte et enfant, a été (et est encore) un tremplin pour plusieurs de nos recherches sur le développement du langage typique et atypique.
De l’input à l’affordance : prise en compte de la rencontre avec la langue dite « cible »
Henry Tyne (Université de Perpignan Via Domitia et CRESEM)
10 mai 2021 | 10:00
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Dans cette présentation Henry Tyne parlera de recherches récentes visant à mieux comprendre le lien entre le développement en langue seconde (L2) et la rencontre avec celle-ci dans un contexte d’immersion. Il évoquera différentes études traitant du développement de la L2 en immersion avant de présenter des analyses récentes à partir de la taxonomie proposée par Devlin et Tyne (à paraître). Non seulement ces analyses permettent-elles de repenser la notion d’input en L2, mais aussi elles mettent en avant l’apport d’une prise en compte qualitative de récits d’apprenants.
Devlin, A.-M. & Tyne, H. (à paraître). Retelling immersion in France: Opportunities and affordances in language use. Dans R. Mitchell & H. Tyne (Dir.), Language, mobility and study abroad in the contemporary European context. Routledge.
Identifier les paradigmes morphologiques dérivationnels à partir des dictionnaires électroniques
Nabil Hathout (Université Toulouse – Jean Jaurès)
9 avril 2021 | 14:00
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Les dictionnaires électroniques sont une source d’information idéale pour la morphologie dérivationnelle. Ces informations se trouvent notamment au niveau de la vedette des entrées, des catégories, des descriptions étymologiques, des indicateurs, des définitions ou des entrées secondaires dans un dictionnaire comme le TLF. Elles fournissent entre autres la forme des lexèmes, leur catégorie, leur sens, les opérations qui ont permis de les construire lorsqu’ils sont complexes, les exposants de ces opérations, etc. Le problème est que ces informations sont difficiles à exploiter notamment parce que les rubriques étymologiques ne sont pas parsées, parce que les définitions présentent des variations importantes ou parce que les formes féminines ne sont pas fournies explicitement. Ceci est vrai du TLFi et dans une moindre mesure de dictionnaires similaires comme GLAWI, un dictionnaire créé à partir du Wiktionnaire. Ceci explique en partie l’absence de ressources morphologiques dérivationnelles fiables et à large couverture pour le français alors même que le TLFi existe depuis près de 20 ans.
Dans la première partie de son exposé, Nabil Hathout discutera des freins qui empêchent l’exploitation complète des dictionnaires électroniques dans le but de produire des ressources morphologiques dérivationnelles extensives de bonne qualité. Dans la 2e partie de l’exposé, il présentera Glawinette, une ressource morphologique construite automatiquement à partir de GLAWI et destinée à alimenter la base Demonette. Dans Glawinette, les relations morphologiques, décrites au moyen d’exposants « intuitifs », similaires à ceux qu’utilisent les morphologues, forment des familles et des séries dérivationnelles. Ces structures constituent le matériau de base à partir duquel il sera possible de créer de véritables paradigmes dérivationnels.
Une histoire de corpus
Jeanne-Marie Debaisieux (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle – Lattice-UMR 8094 ENS CNRS PSC)
15 mars 2021 | 14:00
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L’exposé portera sur les différentes étapes de la constitution d’un corpus oral informatisé : recueil des données, transcription, alignement, méta-données, annotation et interface de requêtes, et l’apport d’un tel outil à la linguistique descriptive et à la didactique de la langue française.
Pour une modélisation de la polysémie évolutive sur la base des notices historiques du TLFi
Jacques François (Université de Caen-Normandie, CRISCO)
5 février 2021 | 14:00
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L’objectif de cette conférence est de proposer une synthèse partielle de trois articles (François 2020, à paraître 1, 2) centrés sur une même question : « Peut-on tirer parti des notices ‘Étymologie et histoire’ des articles du TLFi (disponibles en format XML, merci à Étienne Petitjean) pour
– en extraire une base de données (1ère partie du projet)
– et convertir cette dernière en une succession de graphes arborescents ‘séculaires’ destinés
• à représenter siècle par siècle l’état des fluctuations (expansions, persistances et contractions) de la polysémie évolutive d’une sélection de vocables très polysémiques en français actuel (2ème partie)
• et à associer à chacun de ces vocables un arbre dynamique (ou évolutif, 3ème partie) ? ».
La motivation du projet est d’ordre pédagogique. On connaît le pouvoir évocateur de la visualisation dynamique des états successifs des continents émergés (Gondwana, Pangée, etc.) à la suite du mouvement des plaques tectoniques, qui a largement contribué à l’intérêt du grand public pour l’histoire de notre planète. Le projet présenté vise, toutes proportions gardées, à offrir un outil comparable de visualisation de l’histoire des mots susceptible de compléter deux outils de représentation de la synonymie et polysémie lexicale accessibles sur le site du CNRTL, le Dictionnaire Électronique des Synonymes (conçu par B. Victorri et S. Ploux et que l’auteur a contribué à mettre en place au tournant du 21e siècle au CRISCO de Caen) et le projet Prox conçu par B. Gaume.
SOMMAIRE (susceptible d’amendements)
A. Les fondements du projet (1. Articulation synonymie / polysémie / diachronie ; 2. Fluctuations, expansions et contractions de la polysémie)
B. Retraitement des notices historiques en format XML (1. Notices historiques en double format lecture et XMLATILF ; 2. Segmentation / distillation / normalisation / tabularisation des notices historiques ; 3. Enrichissement du format XML ATILF -> XML catégorisé)
C. Graphes arborescents évolutifs (1. Bases de la théorie des graphes arborescents ; 2 Élaboration manuelle des graphes arborescents)
D. Quand deux polysémies se frôlent (1. Polysémie coïncidente au 21e siècle : tests de synonymie contextuelle ; 2. Périodisation de la polysémie coïncidente)
Articles de présentation du projet
François J. (2020), « Pour un retraitement informatisé et dynamique des notices historiques du TLF ». Cahiers de lexicologie 117 : 11-48.
François j. (à paraître 1), « Comment visualiser l’évolution historique des polysémies lexicales : l’itinéraire sémantique de TERRE et MONDE ». Zeitschrift für romanische Philologie (en relecture).
François J. (à paraître 2), « Les fluctuations historiques de la polysémie lexicale ». Travaux de linguistique (en relecture).
Biographie
Jacques François est professeur de linguistique émérite à l’université de Caen-Normandie, ancien directeur des laboratoires CNRS LanDisCo à l’université de Nancy 2 (1995-98) et CRISCO (2000-07) à celle de Caen. Spécialiste de lexicologie, syntaxe, et sémantique du français et de l’allemand, de psycholinguistique et d’histoire de la linguistique allemande ; et membre du bureau de la Société de Linguistique de Paris.
Orientations scientifiques et fondements de la mise en place et de la structuration de l’ATILF
Jean-Marie Pierrel (Université de Lorraine, Directeur de l’ATILF de 2001 à 2012)
25 janvier 2021 | 10:00
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Il y a 20 ans, l’ATILF est né de la volonté politique de rapprocher à Nancy, dans le domaine des Sciences du langage, les activités du CNRS regroupées alors au sein de la composante nancéienne de l’INaLF et celles de l’Université Nancy 2 représentées par l’équipe LanDisCo (Langue, Discours, Cognition).
Après un bref rappel des circonstances qui provoquèrent mon implication dans ce projet, je rappellerai les grandes orientations qui présidèrent à sa mise en place et qui posèrent les fondations de notre laboratoire tel qu’il est 20 ans après.
D’un point de vue scientifique, les travaux menés au sein des deux composantes fondatrices ont conduit à proposer comme thématique l’ « Analyse et [le] Traitement Informatique de la Langue Française » avec une structuration suivant trois axes – études synchroniques, études diachroniques et usages, modèles et traitements informatiques de la langue – préfiguration des quatre équipes actuelles – Lexique, Linguistique historique française et romane, Discours et Ressources –. Cinq ans plus tard, notre laboratoire s’enrichissait de la composante Didactique des langues et sociolinguistique (CRAPEL) et, plus récemment, l’arrivée de psycholinguistes enrichira l’équipe discours.
La seconde orientation forte fut, dès le départ, l’ouverture du laboratoire vers l’extérieur :
- Ouverture scientifique au travers de projets coopératifs
- régionaux, projet CPER ILD&ISTC (Ingénierie des Langues et des Documents & Information Scientifique, Technique et Culturelle) et Programme Pluri formations « Gestion et exploitation de ressources linguistiques » (ATILF – LORIA) ;
- nationaux, projets de la fédération ILF et projets Technolangue TILT et EVALDA ;
- internationaux, avec entre autres des implications dans les projets OLAC (Open Language Archives Community), INTERA (Integrated European language data Resource Area) et TEI (Text Encoding Initiative) sans oublier le programme franco-suisse autour du FEW.
- Ouverture des données scientifiques informatisées accumulées au sein du laboratoire (TLFi, Frantext, rayon des dictionnaires entre autres). Préfiguration de ce qu’on appelle aujourd’hui la science ouverte, cette orientation, nouvelle à cette époque dans le champ des sciences du langage, est à l’origine des nombreuses ressources proposées aujourd’hui par le laboratoire et a conduit à la reconnaissance du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : cnrtl.fr) puis à la définition, à la mise en place et au pilotage par le laboratoire de l’Equipex ORTOLANG (Open Resources and Tools for LANGuage : www.ortolang.fr).
En complément de ces aspects scientifiques, notre laboratoire s’est aussi construit au travers d’un véritable esprit de laboratoire grâce à la mise en place des « journées de rentrée » dont les premières datent de 2001, d’AG et de réunions régulières mais aussi grâce à une meilleure intégration et valorisation de tous, chercheurs, enseignants-chercheurs et ITA au sein du laboratoire et de ses instances.
Enfin n’oublions pas les efforts importants mis en œuvre pour l’amélioration de nos conditions de travail (travaux de remise aux normes du bâtiment CNRS, restructuration du centre de documentation et du FEW, consolidation des moyens informatiques du laboratoire) qui ont aussi contribué grandement au dynamisme du laboratoire.
La diffusion de l’ensemble des séminaires, en direct et en différé, a été rendue possible grâce au soutien technique (captation, montage et mise en ligne) de Saïd Sendid, UFR SHS-Nancy, Université de Lorraine.